samedi 2 mars 2013

À peine trois jours de végétarisme

... et j'ai déjà eu droit au "cri de la carotte", au coup du lion "qui mange la gazelle" et  aux fameuses protéines. 

Avec en prime,  "les végétariens sont un peu teubés". 

Bon. 

La puissance de ces arguments me bouleverse. Vraiment, hein. Je me suis renseignée, j'ai vu un documentaire qui montrait l'exploitation et la torture que l'on inflige aux carottes, leur douleur lorsqu'on les arrache du sol. A-bo-mi-na-ble. 

Pour le lion, la chaîne alimentaire, toussa, j'avoue que cela m'a fait longuement réfléchir. En omettant le fait que l'émetteur de cet argument de force tente vainement de se viriliser à travers l'image du lion alors qu'il fait ses courses au supermarché, je le trouve absolument convainquant. 

Mais là ou mes convictions sont menacées, c'est bien avec cette histoire de protéines. Bon, ok, la liste interminable de sportifs de haut niveau végétariens (voire végétaliens, les grands malades!) et le fait qu'il existe d'innombrables substituts à la viande n'est pas à la hauteur de "rien ne remplace une bonne entrecôte, bordel". 

J'ai essayé de me défendre faiblement, mais que pouvais-je opposer à une telle rhétorique? Le fait de ne pas adhérer au spécisme, par exemple? Malgré la profondeur de ses réflexions, mon interlocuteur n'en n'avait jamais entendu parler, chose très étonnante pour quelqu'un d'aussi renseigné. 

Mais pourquoi, me direz-vous, vas-tu te foutre dans de pareil débats? T'es maso, Germaine? Tu n'es ni noire, ni arabe, ni homo, alors tu cries haut et fort ton végétarisme pour expérimenter la discrimination? 

Que nenni. Mais quand on n'a que de la purée dans son assiette parce que le menu de la cantine ne propose que du poulet, du poisson ou de la viande rouge, notre plateau donne lieu à des spéculations: 1) anorexique, 2) dépressive ou 3) les deux: végétarienne. Oui, ce sont les joies de la vie en société, on doit se justifier de ce qu'on bouffe, quand bien même aucune carotte n'a souffert horriblement pour assouvir notre plaisir gustatif.  

J'attends de voir leurs têtes quand je sortirai du tofu. 

C'était la démarche suicidaire du jour de Germaine Cancan. 



2 commentaires:

  1. Bienvenue au club, j'ai eu droit aux mêmes remarques et bien d'autres encore depuis qqs années. Le végétarisme d'un individu est souvent mal vécu par certains de ses pairs non végés. Il est de suite accusé de prosélytisme etc. Le végétarisme qui est un comportement vertueux d'un point de vue écologique, sanitaire et moral renvoie à certain que exu, justement ne sont pas comme ça. C'est mon analyse...

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  2. Il semble ce genre de remarques stupides soient monnaie courante... Ton analyse est, à mes yeux, très juste. J'aimerais bien dire cette phrase consensuelle à souhait qui stipule que "nan, mais faut respecter le choix de tout le monde, hein, chacun fait ce qu'il veut" tout en lançant des confettis en forme de coeur, mais en fait non. Laissez les animaux tranquilles et après on en reparlera (la très très méchante IV m'a bien fait marrer avec le Communiqué de l'Association des Gentils Omnivores):

    http://insolente0veggie.over-blog.com/article-communique-de-l-association-des-gentils-omnivores-110828121.html

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